PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Ce lundi 22 octobre la lecture de deux articles me réjouissent et me donnent envie de poursuivre leur réflexion.
Lionel Jeanjeau sur son blog écrit : Antoine Prost et les notes : les élites intellectuelles seront-elles les limites de la refondation ?
Bruno Devauchelle
sur le Cafépédagogique propose Les conseils de classe à l’ère du numérique
Aujourd’hui je commente l’article de Lionel Jeanjau

 

Question essentielle en effet

Sans grand effet, j’ai trouvé deux réponses à la même question sur le web :A QUOI SERT L’ÉCOLE ? Rudolf Bkouche (IREM de Lille) , et Jean-Marc Bellot ont répondu d’une manière semble-t-il assez proche en opposant l’objectif culturel à l’objectif marchand, et en considérant, comme d’habitude, qu’avant c’était bien sûr l’objectif culturel qui prévalait. Je ne rentrerais pas dans cette discussion, il suffit de renvoyer à la lecture critique de l’école républicaine par François Dubet.

Mais admettons qu’à l’origine (sic) l’école soit intégratrice, son objectif était de faire l’unité, l’unité du pays. A partir des années 60, avec notamment Bourdieu, l’école sociologique française a développé l’idée au contraire de la fonction triante, hiérarchisante de l’école.

Il s’agissait alors toujours de répondre à la question des décideurs, des organisateurs, c’était toujours la question fonctionnelle, sociologique, politique, économique, au fond la question des adultes.

Pour quoi vont-ils à l’école ?

Dans les années 80, la question du point de vue des acteurs se pose enfin. François Dubet avec la notion de face, reprise d’Erving Goffman, puis Anne Barrère, prennent la question du côté des élèves.
Antoine Prost avait écrit un petit texte pour la revue de l’AFAE qu’il avait intitulé si je me rappelle bien : Pourquoi aller à l’école ? Et son texte apportait deux réponses malicieusement simples : il y avait la réponse en terme de “pour” et celle en terme de “parce que”. Les « parce que » vont à l’école car ils y sont obligés, l’école est obligatoire, c’est comme ça. Les « pour » y vont pour en obtenir quelque chose. Ce quelque chose peut être très différents, une culture, un plaisir, une utilité. Mais ceux-là y vont « motivés » par l’obtention de quelque chose.
Philippe Perrenoud dans son livre L’évaluation des élèves. De la fabrication de l’excellence à la régulation des apprentissages. Entre deux logiques, De Boeck Université, 1998, avait répondu de manière peut-être encore plus cru : à tout travail mérite salaire, et la note est le salaire du travail scolaire.

Bonjour tristesse

Dans son blog, Lionel Jeanjau rapporte les idées développées par Antoine Prost dans une de ces dernières interventions : « En substance, il a affirmé qu’un programme d’histoire ne pouvait être enseigné que s’il donnait lieu à des exercices que l’on puisse noter. ». Et Lionel Jeanjau commente : « Les propos d’Antoine Prost interrogent, à tout le moins, sur l’idée qu’il se fait des finalités de l’enseignement de l’histoire. Moi qui croyait que l’histoire s’enseignait pour donner aux élèves un bagage culturel, une base nécessaire à la compréhension du monde et un arrière-plan civique, me voilà déboussolé : un des plus grands historiens actuels vient nous souffler l’idée que les élèves travaillent l’histoire, en réalité … pour la note. ».
J’aurai tendance à considérer qu’il s’agit pour Antoine Prost de faire malheureusement un constat. De même qu’il disait il y a bien longtemps que l’orientation marchait à l’échec scolaire, aujourd’hui il considère que l’enseignement marche à la note.
Lorsque j’ai commencé à faire des formations pour la mise en œuvre de l’éducation à l’orientation dans les collèges, l’argument de défense le plus entendu était la question de la « gratuité » : s’il n’y a pas de notes, les élèves ne voudront pas travailler dans cette activité. Il s’agissait bien sûr d’un argument émis par les enseignants eux-mêmes.
La note semble être dans la plus part des cas la seule arme disciplinaire pour l’enseignant français. On peut s’en offusquer sans doute, mais notre système a dérivé vers cette situation.
Un petit conseil de lecture, décapante : Maya Beauvallet : Les stratégies absurdes. Comment faire pire en croyant faire mieux, col Le Point, Le Seuil, 2009, et en particulier le chapitre premier intitulé : Quand on aime, on ne compte pas. Comment l’argent tue le plaisir.
Et je pourrais paraphraser, comment la note sur l’apprentissage.
Bernard Desclaux

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