PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

«Une prof de SVT, propose d’opposer élève actif et numérique et élève passif et manuel scolaire papier » – in Ludovia :

Accéder au site source de notre article.


Lors du colloque de la mission Ecoter qui s’est tenu vendredi 19 octobre à la Caisse des Dépôts à Paris, plusieurs questions ont été posées autour des ressources numériques et politiques d’équipement : dépasser les défis, saisir les opportunités ? Différentes problématiques autour de cette question ont été posées et diverses réponses amenées par les constructeurs et éditeurs présents (Nathan, Microsoft, Texas instrument…).  Sans vouloir retracer la totalité de l’événement, Ludovia met le focus sur les propos d’Alain-Marie Bassy qui a su introduire de manière brillante le sujet, sans langue de bois…

Contenus pédagogiques numériques – Quelle « nouvelle donne » ? Quelle transformation des modèles ?
Alain-Marie Bassy, Ancien Inspecteur général de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche – IGAEN nous a proposé un modèle de réponse.
Il introduit le débat en interrogeant la salle : pourquoi en 2012 organise t-on un colloque de plus sur l’éducation numérique ?  Sommes-nous entrain de courir après un introuvable modèle ?

Il met en évidence l’abondance des discours que nous accumulons ces dernières années parallèlement au peu d’actes concrets mis en pratique.
Il s’étonne d’ailleurs du discours du président de la République qui nous invite à  « ne pas manquer le rendez-vous du numérique ». Cela signifie t-il que ce rendez-vous n’est pas encore arrivé ?

Pour Alain-Marie Bassy, « la volonté politique de transformation de l’école ne s’est jamais faite que de façon homéopathique et cosmétique ».
Le fond du problème est qu’il faut repenser la pratique pédagogique. Pour cela il propose quelques axes de réflexion.

Où avons-nous échoué ?

Un lexique inapproprié
Pour lui le lexique est inapproprié pour penser le numérique éducatif ; le lexique français couvrant le champ du numérique est investi à l’origine d’un vocabulaire anglo-saxon  avec lequel le français ne coïncide pas, par exemple, les termes « learning » et « teaching », le « podcasting, » tout çe qui est précédé de « smart », comme un « smartphone », une « smartclassroom »…tous ces mots sont traduits par des périphrases qui ne donnent pas exactement le sens.

Une triade confuse
Dans le sigle TIC, on mélange information et communication. Or, l’information est un élément de connaissance mis en forme ; la communication est une médiation et un échange d’informations.
Le savoir est quant à lui l’articulation des éléments d’information. Il y a confusion entre communication et savoirs. Aujourd’hui, les l’élèves privilégient la communication : un jeune communique en envoyant 85 SMS en moyenne par jour ; comment faire pour y coller du savoir ?

En deuxième esquisse de réponse à « Pourquoi avons-nous échoué ? », Alain-Marie Bassy souligne qu’en France, nous avons beaucoup d’illusions sur le numérique et nous vivons sur des schémas dépassés et des idées fausses.
« On ne voit dans le numérique que des outils et l’illusion techniciste règne », ajoute t-il.

Ne voir que des outils nouveaux et non des logiques nouvelles ; l’acharnement du système éducatif à continuer sur des modèles anciens avec des outils niveaux ôte toute possibilité au numérique de se développer.

Le modèle de l’enseignement traditionnel repose en grande partie sur de l’écrit qui fixe les savoirs. Or, le modèle du numérique n’est pas stabilisé mais c’est, au contraire, un ensemble de processus en devenir.
C’est d’ailleurs tout ce qui oppose les éditeurs de manuels numériques des personnes qui construisent une ressource en modèle de co-construction avec leurs élèves, par exemple.

Il revient également sur le terme de « digital native » en soulignant qu’aujourd’hui aucun jeune à l’école n’a eu une familiarisation au numérique. Le terme est donc à nuancer.

Pourquoi le modèle numérique éducatif tarde tant à s’imposer ?

Plusieurs modèles archaïques, dépassés (?) ou du moins, à faire évoluer semblent expliquer ce retard :
– Le modèle de gouvernance avec le monopole de l’état sur un système éducatif sanctuarisé
– Le modèle administratif de la partition des territoires (régions, départements et communes) est inapproprié au continuum des cursus
– Le modèle social des fonctions attendues de l’école
– Le modèle pédagogique des missions et du service de l’enseignement (statut et obligations, respect des programmes, fonction de prescripteur, modes d’évaluation de l’enseignant)
– Le modèle éditorial et économie de la production de ressources numériques
(…)

Pour terminer, voici quelques tweets récupérés à la volée sur le colloque, ce qui donnera aux lecteurs quelques éléments complémentaires sur la teneur du débat…

« Pascal Cotentin, éduquer en fonction des générations soit on maîtrise la classe soit on maîtrise les outils »
« c’est fou la fascination des termes anglais ! Learning center au lieu de CDI ou de BU, pas positif à mes yeux »
« intégration de moodle dans entea ent de l’académie d’Alsace / l’interface de moodle a pu être utilisée du collège au supérieur »
« Correlyce permet à de petits éditeurs d’être présents sur le marché sans passer par des mastodontes »
« sommes-nous prêt à accepter que l’on peut passer des diplômes élevés en ayant suivi ses cours sur smartphone, CNED Matar Mbaye »
« pour Nathan mettre des élèves devant un ordinateur avec des manuels numériques permet d’appréhender une nouvelle pédagogie »
« le dogme de la transmission des savoirs est remis en cause par le numérique et l’Internet »
« éducation et numérique le modèle introuvable ? »
« Véronique Saguez, prof de SVT, propose d’opposer élève actif et numérique et élève passif et manuel scolaire papier »

Print Friendly

Répondre