Dans une nouvelle enquête établie à partir des résultats PISA 2012 concernant les pays de l’OCDE, les conséquences du temps passé sur Internet sont passées au crible. Dans ce Pisa à la loupe de janvier 2016, il apparaît qu’en 2012, les élèves de quinze ans passaient plus de deux heures en ligne chaque jour en moyenne.
« Surfer sur Internet pour s’amuser et participer à des réseaux sociaux sont les activités en ligne les plus répandues parmi les élèves de 15 ans : 70 % d’entre eux indiquent effectuer l’une d’elles tous les jours ou presque », précisent les auteurs de cette publication.
Finalement, les stéréotypes en vigueur sur les nouvelles générations s’avèrent assez justes dans la réalité. Les jeunes surfent pour s’amuser, en regardant des vidéos notamment, mais aussi pour échanger via les réseaux sociaux, ou pour jouer à des jeux vidéo. Ils téléchargent aussi des films et écoutent de la musique.
Plus inquiétant, « pour certains élèves, le temps passé chaque jour sur Internet ne semble pas vraiment avoir d’autre limite que les 24 heures que peut contenir une journée. En moyenne, environ 7 % des élèves des pays de l’OCDE indiquent passer plus de six heures en ligne chaque jour en dehors du cadre scolaire – y compris les jours d’école. En Fédération de Russie et en Suède, ils sont plus de 13 % dans ce cas. »
Cependant, « dans les pays où la quasi-totalité des élèves, quel que soit le milieu socio-économique dont ils sont issus, ont accès à Internet à la maison, les élèves défavorisés passent souvent au moins autant de temps en ligne que leurs pairs plus favorisés. Dans neuf pays/économies (Allemagne, Belgique, Corée, Hong-Kong [Chine], Islande, Norvège, Shanghai [Chine], Suisse et Taipei chinois), les élèves comptant parmi les 25 % d’élèves les plus défavorisés en termes de niveau socio-économique passent même plus de temps en ligne que leurs pairs se situant parmi les 25 % les plus favorisés. »
Mais les jeunes ont finalement peu conscience des dangers du temps passé ainsi en ligne. Pourtant, « des recherches ont montré que l’exposition prolongée aux écrans peut à elle seule avoir des conséquences négatives, notamment sur le sommeil des adolescents, leur activité physique et leur bien-être social. Les données de l’enquête PISA viennent confirmer et étayer ces constats. »
Ainsi, « les réponses des élèves aux questions concernant leur sentiment d’appartenance à l’école présentent ainsi un rapport troublant avec le temps qu’ils passent en ligne en dehors du cadre scolaire. Les résultats mettent en effet nettement au jour un niveau moindre de bien-être parmi les élèves faisant une utilisation extrême d’Internet, soit ceux passant six heures ou plus en ligne par jour durant la semaine.
Ces élèves sont deux fois plus susceptibles que ceux qui font une utilisation modérée d’Internet (soit ceux passant entre une et deux heures en ligne chaque jour) d’indiquer se sentir seuls à l’école (14 % pour les premiers, contre 7 % pour les seconds). A l’inverse, les élèves bien intégrés scolairement sont moins susceptibles de passer plus de six heures en ligne par jour. »
Enfin, « selon les données de l’enquête PISA, les élèves faisant une utilisation extrême d’Internet sont particulièrement exposés au risque de désengagement vis-à-vis de l’école. Ainsi, alors que 32 % des élèves passant moins d’une heure en ligne par jour durant la semaine indiquent être arrivés en retard à l’école au cours des deux semaines précédant l’évaluation PISA, ce pourcentage s’élève à 45 % parmi les élèves passant plus de six heures en ligne par jour.
Par ailleurs, les élèves faisant une utilisation extrême d’Internet obtiennent en moyenne de moins bons résultats que leurs pairs aux épreuves PISA de mathématiques. Si ces constats ne permettent pas d’établir une relation de cause à effet, ils laissent néanmoins penser qu’il existe un lien entre le bien-être à l’école et les modalités d’utilisation des médias numériques en dehors du cadre scolaire.
L’existence d’une corrélation négative entre les résultats d’apprentissage et une utilisation intensive d’Internet montre que le juste équilibre en matière d’utilisation des nouvelles technologies ne se limite pas à une problématique de gestion du temps libre des élèves, mais constitue également une préoccupation croissante pour les systèmes d’éducation. Parents, écoles et professionnels de santé peuvent œuvrer ensemble au contrôle et à la planification de l’utilisation que font les enfants des nouveaux médias. »
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