Aujourd’hui, journée du refus de l’échec scolaire, il est pourtant peu question de ça dans cette revue de presse. On évoque donc la question de la lecture et de l’écriture, le numérique et ses enjeux, l’enseignement supérieur et ses problèmes et bien entendu, la réforme du collège avant quelques brèves.
Lire et écrire
> Vousnousils publie un entretien avec Roland Goigoux, chercheur en sciences de l’éducation qui a piloté « Lire et Ecrire ». Le titre « Ecrire sous la dictée 15 minutes par semaine suffit » n’a que peu de rappot avec le propos. « Cette étude de grande envergure révèle que le secret de l’efficacité est à chercher dans le bon dosage des activités proposées aux élèves de CP.
L’opposition idéologique – et politique – de deux méthodes de lecture, a fait couler beaucoup d’encre depuis 30 ans. Avez-vous rencontré lors de votre étude des enseignants utilisant une méthode 100% globale ou syllabique dans les classes de CP observées ?
Une méthode syllabique pure et dure nécessiterait d’avoir des textes 100% déchiffrables, c’est-à-dire ne lire que des syllabes ou que des mots dont tous les sons auraient déjà été étudiés. Et même dans les manuels comme « Léo et Léa » ou « Je lis, j’écris » – choisis par 1 maitre sur 10 – les textes étudiés ne sont déchiffrables qu’à 70 ou 80% ».« Le niveau de langage donc de compréhension des élèves est en effet très marqué socialement. Et l’école ne joue pas son rôle compensatoire pour les plus faibles. ». Cependant, « Il ne faut pas raisonner en terme de temps mais de dosage. Pour compenser l’effet social, il faut augmenter l’importance accordée à la compréhension. Mais il n’est pas question de renoncer à l’étude du code, ni aux activités d’écritures. Il est donc important de savoir que le tempo joue ».
La Croix publie d’ailleurs dans son format papier 2 pages (un article en ligne) sur cette question au titre évocateur « Apprentissage de la lecture, les méthodes qui marchent » « De récentes études plaident pour un apprentissage précoce, répété et soutenu des correspondances entre lettres et sons. Sans pour autant négliger les activités de compréhension des textes, l’un des points faibles des élèves français. » A ce sujet l’article en ligne est un peu schématique sur les méthodes de lecture tandis que les autres articles, papier ceux-là montrent une plus grande variété des situations d’apprentissage. L’article termine par un satisfecit concernant les futurs programmes.
Au sujet des pratiques réelles d’apprentissage de la lecture, sur le site des Cahiers Pédagogiques, on peut lire l’article de Jean-Michel Zakhartchouk.
La Grande table de France Culture s’y intéresse aussi en posant la question « Comment apprendre à lire ? ».
La lecture amène nécessairement l’écriture et à ce sujet, le constatest moins reluisant selon Le Monde car l’université à « trop d’étudiants fâchés avec l’orthographe ».
Loïc Drouallière « enseignant-chercheur à l’université de Toulon en expression-communication s’est en effet penché sur les copies d’examen d’étudiants en fin de première année de licence en sciences économiques dans une université parisienne. Le constat est sans appel : en presque vingt ans, la moyenne des fautes sur cent mots est passée de 2,73 % à 5,92 % en 2012. » Mais l’article précise que fortes de constat, les université réagissent comme l’université de Bourgogne qui « a créé, en 2003, un centre de pratique de l’écrit et de l’oral, et engagé un professeur agrégé de linguistique pour s’en occuper ».
- Les étudiants et l’orthographe selon Jimo
> Bon, mais la dictée va-t-elle tout changer ? Lucien Marboeuf répond avec plein d’humour sur le blog l’Instit’humeur. « l’annonce [de la Ministre] fait sourire dans les écoles. Des dictées, tous les instits que j’ai croisés en font, au moins une hebdomadaire dans les grandes classes (cycle 3), plusieurs par semaine voire une par jour chez les petits, apprentissage de la langue écrite oblige. » et « une des meilleures manières de travailler l’orthographe, c’est de faire écrire les élèves, les faire rédiger, souvent et dans des situations d’écriture authentiques, multiples et variées, en accompagnant ce travail de rédaction d’un travail sur l’orthographe spécifique et ciblé. Apprendre à écrire en faisant de moins en moins de fautes parce qu’on s’y entraine fréquemment est sans doute aussi efficace que de faire des dictées à répétitions ».
Numérique
> Dans l’Usinenouvelle, Louis Schweitzer, commissaire aux investissements d’avenir, veut financer le numérique et l’éducation « car pour le commissaire général à l’investissement, la nouvelle enveloppe de 10 milliards devra surtout « mettre un accent supplémentaire sur la formation et l’éducation « , en finançant la mise en place de formations innovantes ou d’écoles universitaires de recherche alliant recherche académique et enseignement. »
Dans son blog, François Lamoureux propose d’aller « Vers une classe « zéro papier » »
S’il propose ce type de classe, il en mesure les limites : « Tout d’abord je crois quand même utile de préciser que j’imagine mal ce genre de dispositif dans les « petites » classes du primaire pour plusieurs raisons. L’apprentissage du geste graphique sur papier me parait primordial avant de passer au geste numérique. Pour qui a déjà essayer d’utiliser un stylet sur tablette, c’est une évidence que la maîtrise du geste sur papier est un préalable. »
- Classe zéro papier par Geneviève Brassaud
> « De même l’organisation et le classement dans des cahiers/classeurs/casiers physique me parait être un préambule tout aussi capital au classement dans des dossiers et autres arborescences numériques. Alors je situe plutôt mon discours à partir du cycle 3. » Conservons sa propre conclusion : « Il y a du travail pour passer au zéro papier sans brûler les cahiers les étapes et sans oublier l’essentiel. Mais au final, je crois qu’il va falloir que l’école évolue dans ce sens (et je ne parle même pas du poids des cartables) car au final, sous réserve que le dispositif soit bien pensé, il y a un gain de temps réel et non négligeable. L’efficacité dans l’archivage et l’accès au données me paraissent également très important, surtout dans une dynamique de cycle au cours duquel les dossiers élèves pourraient suivre d’un classe à l’autre. Encore une fois, l’idée est d’optimiser le suivi des élèves et la personnalisation des parcours. »
Supérieur
> Vousnousils rend compte d’une étude d’un réseau de mutuelles « Les étudiants renoncent de plus en plus à se soigner ». « Ils attendent de plus en plus que ça passe : les étudiants renoncent de plus en plus à se soigner, privilégiant même l’automédication, et moins d’une étudiante sur deux consulte un gynécologue »
Dans le même temps, les propos de Thierry Mandon, « Huit étudiants sur dix décrochent un diplôme d’enseignement supérieur » ? sont vérifiés par France Info.
« Le secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, Thierry Mandon, a trouvé un chiffre rassurant pour les étudiants : « un étudiant qui entre dans l’enseignement supérieur sera diplômé dans 80% des cas. La moyenne des pays de l’OCDE, c’est 70%. » Vrai.
Huit étudiants sur dix de la promotion 2011 ont bien obtenu au moins un premier diplôme de l’enseignement supérieur français deux ans plus tard, alors que la moyenne des pays de l’OCDE n’est « que » de 68%. On retrouve donc bien les chiffres avancés par le secrétaire d’Etat dans l’étude Regards sur l’éducation 2013 de l’OCDE.
Mais, à bien y regarder, ce chiffre montre de forte disparités en fonction du parcours des étudiants français. Un succès qui s’explique avant tout par ce que l’OCDE appelle « les formations tertiaires de type B », c’est-à-dire les licences pro ou les IUT ».
Enfin, Le Monde s’intéresse à la grande école du numérique « qui devrait former 2 500 étudiants dès cette année » « L’idée forte est alors de lutter contre le chômage et le décrochage scolaire, notamment dans les zones les plus difficiles. La racine du projet est là : proposer des formations qui permettent d’avoir un accès à l’emploi à ceux qui se sentent exclus. » « L’ensemble du territoire français est très inégalement couvert par les écoles du numérique : la densité est beaucoup plus forte dans l’Ouest que dans l’Est, alors que les besoins d’une maîtrise de ces technologies sont partout. »
Réforme
> Mara Goyet se positionne sur son blog Alchimie du collège concernant la « Réforme du collège : ni pour ni contre, bien au contraire » bien plus qu’elle ne semble le penser. « Il est difficile pour ceux qui n’ont pas une position radicale (pour ou contre), pour ceux qui n’ont pas une approche idéologique de la question (mort à l’élitisme, sauvons l’humanité et les humanités du péril réformiste), qui ont envie de bien faire sans être prêts à faire n’importe quoi, qui veulent que ça change mais pas à tout prix, qui n’attendent rien de grand mais comptent profiter de l’arrivée d’air pour améliorer ce qui peut l’être. »
Le Parisien raconte dans son magazine l’histoire d’un collège d’Argenteuil qui « teste le collège de demain », « Aide personnalisée, mise en commun des devoirs… Nous avons suivi la rentrée d’un établissement du Val-d’Oise qui a devancé la réforme de 2016. L’essai est plutôt réussi ».
Brèves
> Le sénateur Grosperrin a une solution pour limiter les « signes religieux à l’école : la piste de l’uniforme » dont le Figaro se fait l’écho. Gageons que cette solution arrangera tout.
Pendant ce temps, le Café Pédagogique rappelle que la Seine-Saint-Denis souffre toujours d’un manque qui provoque « Le ras le bol des médecins scolaires ». « Quel médecin accepterait la responsabilité de 19 000 élèves de la maternelle au lycée majoritairement en éducation prioritaire ? ». Jocelyne Grousset, secrétaire générale du Snmsu Unsa, le syndicat des médecins scolaires, dénonce la situation dans le 93.En 2010 le département comptait 32 médecins pour 285 00 élèves. A cette rentrée on est à 17 médecins pour 320 000 élèves, soit 18 823 élèves par médecin scolaire. Impossible dans ces circonstances de respecter les obligations légales de la médecine scolaire. »
Le Figaro évoque le sort des enfants réfugiés au Liban : « « Notre responsabilité est d’assurer l’accès à l’éducation à chaque enfant présent sur le territoire libanais », a expliqué le ministre libanais de l’Education Elias Abou Saab. Le Liban, avec une population de 4 millions d’habitants, compte 1,1 million de réfugiés syriens, dont au moins 400.000 enfants en âge d’aller à l’école, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ».
Emilie Kochert, qui, en refusant l’échec scolaire, vous laisse en compagnie de ses partenaires rédacteurs.
Lire la suite : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Revue-de-Presse-du-mercredi-23-septembre