Paris, 9 juil 2014 (AFP) – Les tensions entre les parents et l’école sont de « plus en plus visibles » et des conflits « durs » sont apparus, comme sur l’éducation à l’égalité fille-garçon, selon un rapport parlementaire publié mercredi préconisant de faire entrer davantage les familles dans les établissements.
La publication de ce document intervient cinq jours après le meurtre à Albi d’une institutrice dans sa classe par une mère déséquilibrée.
Il va dans le même sens qu’une récente étude de l’Insee selon laquelle les personnels de l’Education nationale font deux fois plus l’objet de menaces et d’insultes que l’ensemble des professions.
Le dialogue n’est pas souvent « au rendez-vous » et n’existe que « lorsqu’il y a un problème à régler, c’est-à-dire au moment où les nerfs des uns et des autres peuvent être à vif », relève Valérie Corre (PS), rapporteure de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur « les relations entre l’école et les parents ».
Les tensions sont « de plus en plus visibles », écrit-elle. « Aucune étude ne permet de l’affirmer » mais « le +ressenti+ des personnels et des parents et, par conséquent, celui des médias semble aller dans ce sens », ajoute la rapporteure, citant des enquêtes qui montrent que les « agressions » des parents contre les personnels sont principalement du « harcèlement, des menaces et des insultes ».
Au cours des auditions, « l’émergence de conflits +durs+ » a été signalée, qui peuvent porter « sur des valeurs – dont témoigne le mouvement de la +journée de retrait de l’école+ en protestation à l’enseignement de l’égalité entre les filles et les garçons – ou sur les principes les plus élémentaires du fonctionnement de l’école ».
Ainsi, le décalage des départs en vacances résultant du « zonage » a donné lieu, ce printemps et pour la première fois, à des « crispations inédites, qui témoignent d’une +conflictualité+ préoccupante entre l’Education nationale et les parents ».
Les relations peuvent être marquées par une double « crainte »: « crainte des professeurs d’être +envahis+ par des parents omniprésents et crainte des parents que l’école ne sache pas bien éduquer leurs enfants ou préparer leur avenir professionnel », note Mme Corre.
Elle rappelle les « points de frictions » relevés par la médiatrice de l’éducation Monique Sassier, comme « la carte scolaire », c’est-à-dire l’affectation des enfants dans un établissement proche de leur domicile.
« La violence et le harcèlement » dont sont victimes les enfants « inquiètent les parents dès lors qu’ils ressentent une certaine incapacité de l’école » à les protéger.
Il y a aussi « les devoirs à la maison ». Ou encore « la pédagogie »: chaque parent pense « qu’il est en charge de la politique de l’école ».
Le « langage » de l’éducation nationale irrite parfois les parents, avec des « sigles incompréhensibles » ou des « formules elliptiques », « notamment en matière d’évaluation ».
La réforme des rythmes scolaires n’a pas été évaluée mais, rappelle Mme Corre, le comité de suivi « a fait remarquer que c’est avant tout le défaut de concertation entre les enseignants, les élus et les parents qui est source de tensions, non la réforme en elle-même ».
Le rapport, adopté en commission mercredi, préconise notamment l’instauration de « médiateurs école-parents », d’associer les parents au processus d’orientation ou de former les personnels « aux enjeux des relations école-parents ».
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