De nombreuses études démontrent l’inefficacité relative du redoublement pour remédier aux difficultés scolaires durant la scolarité obligatoire. Elles en concluent généralement que le redoublement est une pratique à bannir. Des politiques de lutte contre le redoublement ont été menées en Belgique francophone durant les années 1990, sans grand succès.
Les enseignants dans leur majorité restent attachés au redoublement. L’article vise à comprendre l’attachement social à cette pratique. Les recherches «classiques» échouent à comprendre ce phénomène, compte tenu qu’elles postulent implicitement que le redoublement constitue un dysfonctionnement du système scolaire. A rebours des recherches classiques consacrées à l’étude du redoublement, cette pratique est envisagée ici comme faisant partie intégrante du mode de fonctionnement «normal» du système scolaire de la Communauté française de Belgique. Resitué en contexte, le redoublement se révèle ainsi moins un problème qu’une solution dans la mesure où il satisfait à des fonctions latentes essentielles : gestion de l’hétérogénéité et tri des élèves au sein des établissements ; positionnement stratégique et symbolique par rapport à des établissements environnants ; régulation de l’ordre scolaire au sein de la classe ; maintien de l’autonomie professionnelle des enseignants.
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