Labellisées ce 30 janvier 2015 par la ministre de l’Education nationale, ces structures se veulent autant de pôles d’excellence régionaux qui permettent de valoriser des cursus du CAP au Bac+5.
Le 30 janvier 2015, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, a choisi le Campus des métiers et des qualifications des travaux publics de Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), pour annoncer les 17 nouveaux lauréats de l’appel à projets pour les Campus des métiers. Créés en 2013, ces campus des métiers et des qualifications ont pour objectif de valoriser la formation professionnelle en regroupant dans un même lieu ou en réseau, des acteurs de la formation professionnelle – lycées professionnels, centres de formation d’apprentis (CFA), IUT, BTS, etc. –, des laboratoires de recherche, des établissements d’enseignement supérieur et des entreprises. Ils sont construits autour d’un pôle de compétences clés au niveau national ou régional et sont soutenus par les collectivités territoriales et les entreprises.
Synergies
« C’est avec joie que nous avons appris la labellisation du Campus « image numérique et industries créatives », le deuxième Campus de notre région ! », s’enthousiasme Martine Pavot, directrice générale adjointe chargée de l’éducation et de la jeunesse au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. Un campus qui met en synergie trois lycées professionnels, le Greta de Lille, un centre de formation des apprentis, les universités de Lille 1 et 3, deux écoles d’ingénieurs, une école supérieure d’arts appliquées et le pôle 3D de l’école supérieure d’infographie de Roubaix, trois organisations professionnelles dont l’Institut national audiovisuel (INA) et plus de 80 entreprises dont 20 PME à fort potentiel de croissance. « Nous allons du CAP au bac + 5 ! Tous ces acteurs ne se seraient pas forcément organisés en dehors de cette démarche de labellisation, qui permet la reconnaissance d’un véritable « cluster » au niveau national. Cela fait vivre l’image de la région », se réjouit Martine Pavot. De la simple opération de communication, au recrutement sur les métiers innovants, en passant par le partage de plateaux techniques : tous ces acteurs trouvent une réelle valeur ajoutée à collaborer. Pour Martine Pavot, « il s’agit de monter un véritable écosystème, avec des filières de formation, des stratégies de coopération et des logiques de projet, facilités grâce à ce campus des métiers qui offre des lieux ressources, un pilotage et une animation. »
Gouvernance
Jean Rainaud, conseiller éducation à l’Association des régions des France (ARF), représente les régions au sein du comité d’experts qui examine les candidatures avant de les transmettre au Conseil national Education Economie qui émet un avis sur les lauréats. Il revient sur les critères importants pour être labellisé : « Il ne s’agit pas simplement de dire que plusieurs établissements sont prêts à travailler ensemble. Encore faut-il expliquer comment cette coopération va être régie pour structurer l’offre de formation dans une filière et sur un territoire clairement identifiés », insiste-t-il. Un campus ne se résume donc pas à un seul acteur de bonne volonté. « Il faut plusieurs têtes de réseau qui dynamisent ce qui existe déjà », insiste le conseiller de l’ARF, qui admet que dans bien des candidatures, la question de la gouvernance n’est pas jugée assez aboutie.
Engagement des entreprises
Il faut également apporter la preuve d’une réelle implication des milieux économiques concernés comme l’engagement de prendre des stagiaires, la volonté de partager des plateaux techniques… Il s’agit bien de rapprocher les deux mondes : économique et éducatif, à l’image du Campus des travaux publics de Bruay-la-Buissière. « Le lycée technique dispose de 90 hectares de terrain. Nous allons y construire une route durable avec l’Ecole des Mines de Douai, ce qui implique des projets concrets sur le choix des matériaux, en collaboration avec les entreprises. Le campus doit également se consacrer à la formation continue des salariés des travaux publics qui viennent de toute la France, et sont issus des principales entreprises de BTP », détaille Martine Pavot. Pour ce projet global, le Campus des métiers a bénéficié du Programme des investissements d’avenir, soit une manne de 26 millions d’euros, dont 15 apportés par la région, qui ont notamment permis de construire un hébergement adapté aux salariés de la formation continue, et d’acheter de coûteux engins de travaux publics.
Taille critique pour des financements européens
Qu’apporte au final cette labellisation ? « Une reconnaissance nationale, qui permet de devenir un porteur de projet d’envergure et de parler au nom d’un écosystème », détaille Martine Pavot. Elle permet aussi d’atteindre la taille critique qui facilite l’obtention de financements européens. Mais au-delà des financements, les Campus sont surtout « une manière de mettre en lumière des formations ou des filières qui manquent aujourd’hui de visibilité » pour obtenir à terme une meilleure insertion professionnelle des jeunes, mais aussi « un meilleur taux de remplissage dans certains secteurs qui n’attirent pas ou pas assez », admet Jean Rainaud. Idéalement, il faudrait que les jeunes fassent un véritable choix d’orientation en direction de l’enseignement technologique et professionnel, et que ce ne soit plus considéré comme un pis-aller. « A terme, le label « Campus » devrait leur faire envie », espère-t-il.